Jean-Pierre Beltoise voit le jour le 26 avril 1937 à Boulogne Billancourt où il passe une enfance tranquille et heureuse. Il se passionne rapidement pour les machines mécaniques en tout genre. Et si on lui connaît aujourd’hui son formidable palmarès en automobile, il a connu, avant cela, une belle notoriété en tant que pilote moto.
Il fait ses premiers tours de roue en moto en 1955. Entre 1961 et 1964, il remporte pas moins de 11 titres de Champion de France Moto vitesse dans diverses catégories. Sur une même journée, il lui arrive de rouler sur plusieurs marques (Morini, Bultaco, Aermacchi et Matchless) et plusieurs cylindrées. Il sortira d’ailleurs 4 fois 1er au Critérium de vitesse MGF de Montlhéry de 1962 en 125cc, 175cc, 250cc et 750cc. Son talent explose en 1964 ; J.-P. Beltoise est le premier pilote moto français à signer une victoire au Mans depuis 1929 (sur sa 500cc Matchless).
En homme curieux et passionné de mécaniques, c’est tout naturellement qu’il se tournera vers l’automobile. Au départ en parallèle de sa carrière moto. C’est René Bonnet qui lui permet de faire une entrée remarquée en sport automobile en 1963 remportant l’Indice énergétique aux 24H du Mans. En 1964, il dispute les 12 heures de Reims sur un prototype René Bonnet. Piégé par une trainée d’essence, sa voiture part en tonneau et fini par s’enflammer complètement. Il perd ainsi l’usage de son bras gauche, bloqué au niveau du coude. Accident qui mettra définitivement fin à sa carrière moto. Ces 10 mois d’hospitalisation n’auront pas eu raison de son courage et de sa détermination. Il convainc Jean-Luc Lagardère de l’engager dans l’écurie Matra-Sports et sera sacré Champion de France F3 dès 1965. C’est donc le début d’une belle carrière « toutes catégories » au côté de Matra qui durera jusqu’en 1975. Sur les 5 titres de Champion de France F1/F2 de l’écurie, J.-P. Beltoise en détient 4 à lui seul sur 4 années consécutives (de 1966 à 1969). Le 5ème sera décroché par son co-équipier Henri Pescarolo en 1970.
Vainqueur de son premier Grand Prix en Allemagne (F2) en 1966 et du GP de Monaco F3, il battra, cette année là, les meilleurs de sa catégorie comme Jim Clark ou Jackie Stewart. En 1968, il succède à Jacky Ickx et devient Champion d’Europe de F2. S’il commence discrètement la F1 en 1967, son potentiel éclate au grand jour en 1969, l’une de ses plus belles années au palmarès : il termine 2nd du GP de France F1, 5ème du Championnat du Monde de F1 (Matra MS10 - MS80 – MS84), Champion de France F1/F2 donc, puis vainqueur du 3ème Deutshland Trophäe en F2, vainqueur des 1000km de Paris avec Henri Pescarolo sur Matra 650/01 et terminera 4ème aux 24h du Mans. Dans une belle ascension, il sortira vainqueur des 1000 km de Buenos Aires avec Pescarolo de nouveau puis du Tour Auto, aux côtés de Patrick Depailler et Jean Todt, en 1970.
Dans les années 70, J.-P. Beltoise a donc atteint une belle notoriété tant pour son franc-parler que pour ses performances. Tout aurait pu être compromis définitivement en 1971, pendant les 1000km de Buenos Aires, lorsque Ignazio Giunti vient heurter sa Matra en panne. Il s’en sort indemne par miracle. L’italien trouvera malheureusement la mort dans ce terrible accident. Lagardère paiera très cher pour faire sortir J.-P. Beltoise du territoire Argentin. Suite à l’affaire, la FFSA le suspendra pendant trois mois. Sa malchance en F1 dû aux multiples problèmes mécaniques et ses nombreux abandons lui vaudront le sobriquet de « Bébel la poisse ».
Il faut noter qu’avec un tel handicap, c’est sur route mouillée qu’il peut vraiment s’exprimer. Il connaîtra donc son heure de gloire, sous la pluie, le 14 mai 1972 au Grand Prix de Monaco sur la BRM P160B (écurie avec laquelle il s’est engagé cette même année). Ce jour là il évince Jacky Ickx, l’autre spécialiste de la pluie. « Ma victoire a fermé la gueule à tous ceux qui me traitaient de casseur. Et depuis je n’ai plus entendu dire de mal de moi en tant que pilote », rapporte-t-il à Gilles Liard. Il pilotera pour l’écurie Britannique jusqu’en 1974 où il disputera son dernier championnat F1.
1975, pressenti pour piloter la première Ligier de Formule 1, la JS5, il sera finalement évincé par Guy Ligier. La carrière de Jean-Pierre Beltoise prend deux nouvelles directions majeures : la catégorie Production (équivalent Supertourisme) et les 24h du Mans avec l’aventure Inaltera (1er en 1976 en catégorie GTP, 8ème au général). Il obtient le titre de champion de France avec BMW en 1976 et réitère cet exploit l’année suivante. Il devance de nombreux pilotes de F1 sur des voitures identiques (Lauda, Stück, Giacomelli). Entre 1976 et 1990, il remportera 26 victoires en GT National (avec BMW d’abord, puis Peugeot de 1980 à 1987, Citroën de 1988 à 1989 et enfin Mercedes en 1990). Il s’essaiera également au Rallycross dès 1979, année où il est sacré Champion de France avec l’Alpine A310. On lui totalise 8 victoires nationales dans cette catégorie. Après son apparition sur le Trophée Andros 1992-1993, il disputera sa dernière saison de course en Porsche Carrera et raccrochera définitivement le 31 octobre 1993.
Jean-Pierre Beltoise, véritable passionné du sport mécanique sous toutes ses formes, a naturellement ouvert la voie et a inspiré aujourd’hui ses fils Anthony et Julien ainsi que son neveu Vincent. Force, courage et détermination auront marqué cette grande carrière. Pilote néanmoins controversé, il s’est aujourd’hui impliqué dans l’Association de Défense des Citoyens Automobilistes. Il prêche la « bonne conduite citoyenne » auprès du grand public et est à l’origine de la construction du circuit de Haute Saintonge (inauguré en 2004) conçu dans un esprit de développement durable.
Sources : "Jean-Pierre Beltoise, mon album photo" - L'Autodrome Editions - 2011
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