Né à Paris le 25 septembre 1942, Henri PESCAROLO est un enfant calme. Il s’isole souvent et trouve son bonheur au volant d’une des voitures de son père dont il a observé la technique de conduite avec beaucoup d’attention. Il sait exactement comment s’y prendre, à tel point qu’il apprend à conduire la 203 seul, à l’âge de 9 ans. A 15 ans, il domine déjà le véhicule, et, n’ayant pourtant jamais observé de course automobile, il joue aux dérapages dans la cour de la maison familiale.
Henri PESCAROLO a le pilotage dans la peau, que ce soit sur terre, ou dans les airs (1ers vols aérien à 16 ans, 1ers cours de voltige à 18 ans !). Il se consacre à ses études de médecine mais peine à s’y passionner suite à la disparition de sa mère. Son père, lui même médecin et connaissant son intérêt grandissant pour l’automobile, comprend vite qu’il a poussé son fils dans la mauvaise voie. Il lui mettra le premier pied à l’étrier en lui proposant de partager le volant de sa Dauphine lors du rallye de la Baule 1962. Pas de classement ce jour là mais cet événement enclenchera néanmoins sa carrière de pilote automobile.
C’est l’AGACI (Association Générale Automobile des Coureurs Indépendants) qui révèlera le talent d’Henri PESCAROLO. Il est le pilote le plus doué de sa promotion (où l’on notera la présence de Patrick Depailler et José Dolhem). Rapide et imperturbable, Henri dispute son premier championnat, avec 3 victoires au volant de sa Lotus Seven lors de la Coupe des Provinces (1964-65).
En 1965, Matra, s’investit dans la compétition automobile et recrute de nombreux jeunes talents dont Henri PESCAROLO qui obtient cette année là le poste de 3e pilote dans l’écurie en Formule 3, aux côtés de Jean-Pierre Jaussaud et Jean-Pierre Beltoise. Titularisé en 1966 (année de sa 1ère participation au 24H du Mans) et battu cette même année par son nouvel équipier Johnny Servoz-Gavin, il remportera finalement le titre de champion de France F3 en 1967 avec non moins de 11 victoires.
Très en vue, Henri PESCAROLO débute dans le championnat d’Europe Formule 2 avec son coéquipier Jean-Pierre BELTOISE. Il terminera second à 5 reprises avant de remporter sa 1ère course à Albi et décrocher le titre de Vice-champion d’Europe puis Vice-champion de France F2 en 1968. Il s’essaiera cette même année pour la 3ème fois aux 24h du Mans et pour la première fois à la F1.
En 1969, la série des victoires sera violemment interrompue par un très grave accident lors des essais privés préparatoires au Mans sur la Matra 640 qui s’envole dans la ligne droite pour retomber dans la forêt qui borde la piste. Si Henri PESCAROLO a cru mourir ce jour là, il s’en sort avec de très sérieuses brûlures et fractures à la colonne vertébrale. Il reprendra la compétition dès l’été et réussit à se placer à la 5ème place du classement général (GP Allemagne) avec sa Matra F2 face aux autres monoplaces F1 et remportera les 1000km de Paris en fin de saison avec Beltoise.
Matra le titularise en Formule 1 en 1970. Il terminera 3ème du GP de Monaco et décrochera le titre de champion de France de F1 et de F2. Mais pour l’écurie, sa saison F1 reste globalement décevante et Matra décide de le remplacer par le néo-zélandais Chris Amon. La saison suivante, Henri PESCAROLO est recruté par la modeste écurie de Franck Williams. La fragilité de la March 711 engagée lui fera enchaîner les mauvais résultats. On gardera tout de même en mémoire sa 4ème place au GP de Grande-Bretagne en 1971 et son record du tour au GP d’Italie la même année. La saison de F1 1972 ne sera pas plus brillante. La voiture est moins performante, Henri PESCAROLO est victime de plusieurs accidents dont il sortira toujours indemne. Il ne conduira qu’à quelques occasions en 1973 avant son retour dans l’écurie BRM l’année suivante, moins performante, ce qui sera, une nouvelle fois, une grosse déception pour le français. Il abandonne définitivement les épreuves F1 en 1976.
C’est en Sport Prototype que la série des grandes victoires va débuter, chez Matra. Il remportera 3 victoires consécutives aux 24H du Mans avec Graham Hill en 1972 puis avec Gérard Larousse en 1973 et 1974. Matra remporte dès lors le championnat du monde des constructeurs et ne poursuivra la compétition qu’en tant que motoriste F1.
En 1975, Henri PESCAROLO décroche son premier titre de champion de France des circuits à la suite de ces trois victoires avec Alfa Roméo (Spa, Zeltweg, Kyalami). Il remporte son second titre en 1978 au volant de sa Porsche pour le Kremer Racing. Henri PESCAROLO ne gagnera à nouveau l’épreuve mancelle que 10 ans plus tard, en 1984, au sein de l’écurie Jöest.
Il signera dès lors sa 4ème victoire aux 24H du Mans, avec une Porsche (à ce jour, seuls Jacky Ickx et Tom Kristensen ont réussi à faire mieux). Il devient une nouvelle fois champion de France des circuits et remporte la Porsche Cup la même année terminant ainsi meilleur pilote privé du Championnat du Monde d’endurance.
Les 1000 km du Nürburgring de 1986 consacrent sa 17e victoire en championnat du Monde Sport Prototype. Il finit 3e du Championnat de France Sport Prototype 1989. Il effectue une très belle saison aux Etats-Unis en 1991, toujours avec l’écurie Jöest, où il remporte les 24H de Daytona et termine 3e des 12H de Sebring. S’il participe tous les ans (ou quasi) à l’épreuve mancelle, il ne se retrouvera plus sur le podium, mais à des places honorables (6e en 1989 et 1992 mais 1er au classement des moteurs atmosphériques, 7e en 1985, 1991, 1996, 1997 et 1998). Il effectue sa dernière participation au Mans en 1999 où il termine 9e avec sa Courage C50.
Henri PESCAROLO s’est aussi beaucoup illustré en intervenant auprès de jeunes pilotes pour leur apprendre le métier. L’histoire débute en 1994, quand le pétrolier ELF décide de lui confier la direction de sa structure de formation : La Filière.
Reprise par la FFSA en 2000, Henri PESCAROLO poursuit son engagement en créant sa propre écurie, Pescarolo Sport et engage des voitures dans les principales courses d’endurance. Il développera sa propre voiture en 2004. La Pescarolo-Judd arrive 4e au Mans, 4e du Championnat Le Mans Series et remporte le championnat de France Sport Prototype. Si Audi reste indétronable, l’écurie sortira seconde des 24H du Mans 2006 et se consolera en remportant le championnat Le Mans Series.
Henri PESCAROLO reste encore aujourd’hui un pilote populaire, dont le grand public apprécie la simplicité, la pertinence et la droiture. Il envisage tout avec calme et lucidité, même dans les moments difficiles de sa vie.
« Succès ou échec, rien ne semble donc toucher Henri Pescarolo. Le succès apparaît à ses yeux comme une conséquence normale de ses activités. L’échec est son pendant. »
- J. RIVES –
Source : Pescarolo : Histoire d’un homme secret - J. RIVES
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